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En 1961, Jean-Paul Desbiens, mieux connu sous le nom de frère Untel, reçoit le prix de la revue Liberté. Sur la photo, on aperçoit, de gauche à droite, Jacques Godbout, un des fondateurs de la revue Liberté, Jean-Paul Desbiens et Gérard Pelletier des Éditions de l'Homme où Les insolences du frère Untel sont éditées
Jean-Paul Desbiens
La couverture du livre de Jean-Paul Desbiens, alias le frère Untel, en 1960 et réalisée par Jacques Gagnier, alors caricaturiste au Devoir
La couverture du livre de Jean-Paul Desbiens

Les insolences du Frère Untel

« L'échec de notre système d'enseignement est le reflet d'un échec, ou en tout cas, d'une paralysie de la pensée elle-même. Personne n'ose penser, au Canada français. Du moins, personne n'ose penser tout haut. L'absence de tout dialogue sérieux, dans la province, nous stigmatise de la plus inexpiable façon ».

Les insolences du Frère Untel, Montréal, Les Éditions de l'homme, 1960, p. 55.

Un religieux pourfend le système d'enseignement au Québec

L'année 1960 est riche en événements. La parution de l'ouvrage Les insolences du Frère Untel compte parmi ceux-là. Ce pamphlet considéré comme un des éléments déclencheurs de la Révolution tranquille. Il tire son origine d'une lettre d'un enseignant de Chicoutimi, le frère Pierre-Jérôme -- Jean-Paul Desbiens de son nom de naissance --, à André Laurendeau, directeur du journal Le Devoir, en réaction à un billet sur la qualité du français que celui-ci a fait paraître. C'est le début d'un échange épistolaire nourri entre les deux hommes qui se conclut avec la publication du livre de Desbiens, alias Frère Untel. Le frère mariste y dénonce le joual, cette « langue désossée ». Et plus encore, il y mène une charge à fond contre le Département de l'Instruction publique, ce système « d'injustices sociales » qui privilégie le collège classique, véritable « réserve nationale des vocations sacerdotales », ainsi que la religion écrasante.

Le premier best-seller québécois

Les insolences... se vendent à plus de 130 000 exemplaires, dont 17 000 au cours des dix premiers jours de vente. C'est sans compter les 15 000 autres exemplaires en anglais. Malgré ce succès auprès du public, le livre reçoit cependant un accueil moins favorable chez les membres du clergé qui tentent, en vain, d'empêcher sa parution. Son auteur, à qui on a interdit d'assister au lancement, est envoyé en Suisse où il complète des études doctorales. Moins heureux est le sort de son supérieur immédiat, le frère Louis-Grégoire, contraint à une longue retraite à Rome, puis à l'exil aux États-Unis. À l'évidence, le petit livre à « une piastre » du Frère Untel a l'effet d'une bombe dans le Québec de l'après-Duplessis.

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