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Les Cyniques révolutionnent l'humour au Québec dans les années 1960. Sur la photo, de gauche à droite, Marcel St-Germain, Serge Grenier, Marc Laurendeau et André Dubois
Les Cyniques

Les nouveaux visages de l'humour

Aux sources de l'humour québécois

C'est bien connu, les Québécois aiment rire. Et ce trait de caractère ne date pas d'hier. En y réfléchissant bien, la naissance du festival Juste pour rire, il y a maintenant plus de 25 ans, marquait l'aboutissement d'un processus amorcé avec la francisation du burlesque américain par des pionniers comme Arthur Pétri, directeur de troupe, et le comédien Olivier Guimond (père) dans les années 1920. Par la suite, le genre gagne en popularité. Dans la décennie suivante, une bonne douzaine de salles à Montréal, pouvant accueillir 8 000 personnes, présentent des spectacles burlesques. Du milieu des années 1930 à 1953, le Théâtre national, propriété de la comédienne Rose Ouellette opère tous les jours à guichet fermé. Le théâtre de Jean Grimaldi fait tout aussi bien en 1953 avec 3 500 spectateurs à chaque jour. Les cabarets, qui voient le jour dans l'entre-deux-guerres, donnent également dans l'humour. Mais le burlesque et l'univers des cabarets périclitent avec l'arrivée de la télévision.

L'humour qui conteste et qui mord

À l'image de la société, l'humour évolue, change. Au temps du burlesque, l'humour nargue l'ordre établi et l'autorité au grand dam de l'Église. Avec la Révolution tranquille, il se veut plus engagé, voire contestataire. Les chefs de file dans ce type d'humour sont, sans contredit, les Cyniques. Ce nom, ils le portent à merveille. Les qualificatifs pour désigner l'humour du quatuor né au collège Sainte-Marie à l'aube des années 1960 ne manquent pas : grinçant, caustique, mordant, irrévérencieux et vulgaire. Et comme si ce n'était pas assez, ils sacrent allègrement sur scène, un numéro portant même spécifiquement sur ce thème. Les Cyniques n'épargnent personne : politiciens, personnalités publiques, membres du clergé, homosexuels, policiers et minorités ethniques sont égratignés. Aucun tabou ne leur résiste. Selon Robert Aird, auteur d'un livre sur l'histoire de l'humour au Québec, ils sont passés maîtres dans l'art de la satire sociale.

L'humour se féminise

Les Cyniques ne sont pas les seuls humoristes à aborder des sujets tabous. Clémence Desrochers se livre à l'exercice, mais sur un tout autre ton. Longtemps, les femmes sont les faire-valoir des hommes dans le domaine de l'humour. Pensons à Juliette Pétri, Manda Parent, Rose Ouellette pour ne nommer que celles-là. À la fin des années 1950, Clémence est la première femme à monter sur scène et à raconter des histoires d'une galerie de personnages attachants et anonymes comme les femmes au foyer, les travailleuses dans les « factries », les voyageuses, les serveuses. Puis, elle traite des questions délicates comme l'obsession de la minceur, le sexisme, la ménopause. Avant même que le terme féministe n'existe, elle parle des femmes et de leurs conditions avec subtilité et tendresse. Celle que tout le monde appelle tout simplement Clémence est considérée comme la première humoriste à faire du monologue social.

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