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Un extrait de la lecture de la pièce de théâtre Les belles-sœurs le 4 mars 1968 au Théâtre des apprentis sorciers avec les commentaires de Michel Tremblay et André Brassard, respectivement auteur et metteur en scène de la pièce, et une entrevue avec les comédiennes Denise Proulx et Denise Filiatrault.
Image Description
Un nouveau théâtre : « Les belles-soeurs » de Michel Tremblay (inaudible)
[Germaine]: Mes timbres, mes propres timbres.
Oh, mes timbres, mes timbres (pleure).
[A]: Pleure pas Germaine.
[G]: Oh parle-moi pas toé. Va-t’en! T'es pas mieux qu'les autres.
[A]: Mais ch’t'ai défendue.
[G]: Va-t’en ! J'veux pu t'voère.
[A]: Mais ch’t'ai défendue, ch’t'avec toé Germaine.
[G]: VA-T’EN ! Laisse-moé tranquille, parle-moi pu ! J'veux pas t'dire ça (pleure).
[1]: [...]C’que vous savez pas, c'est qu'à la fin, pendant le Ô Canada – chu bien fier de ça –
pendant le Ô Canada, y'a une pluie de timbres qui tombe sur  (rires, on ne comprend pas la fin de la phrase)…
C'est très important, c'est très important [2]: Elles sont revenues chantant Ô Canada, elles sont triomphantes.
Germaine Lauzon se relève péniblement, se soumet, entonne Ô Canada.
Et pour la récompenser, le ciel, qui est quelque part dans les timbres, lui envoie une pluie de timbres prime qui l'inonde.
Et la dernière image du show c’t'un close up d'éclairage sur le sourire reconnaissant de Germaine Lauzon. (rires)
[Journaliste]: Dans ce cas-ci, avez-vous vraiment l'impression de jouer si c'est si réaliste que ça ou de vous abaisser un peu, je sais pas ?
[Denise Filiatrault?]: Non, oh non! Bien sûr qu'on a eu l'impression de jouer parce que je ne pense pas personnellement être le personnage de madame Ouellette que j'interprète. Mais je connaissais bien ce personnage pour l'avoir vu, euh, autour de moi beaucoup beaucoup.
Euh, pour le comprendre... Enfin je pense à la première lecture, voir qui qu'il est vrai; qu'il existe et pouvoir le jouer, je pense, sincèrement.
[Comédienne 2]: Une composition, c'est toujours intéressant à faire et Denise compose bien à mon avis.
[J]: Et aussi du reste. [C2]: Eh bien moi, c'était moi, c'était plus pour moi disons-le.
Le rôle était plus dans mes cordes. Mais, euh, quand on est comédienne, on peut jouer n'importe quoi. Et Denise, c'est une bonne comédienne. [J]: Selon vous, c'est une formule qui est encore exploitable au théâtre ?
[DF]: J'pense bien, surtout avec cette pièce. Je disais tout à l'heure, elle est surtout très commerciale. C'est une pièce commerciale.
Si j'avais pas à monter un restaurant, je mettrais de l'argent dans cette pièce pour la monter moi. Mais malheureusement... Enfin pas malheureusement; heureusement, j'ai mon restaurant. Mais sans ça, je monterais cette pièce. J'en prendrais les risques moi. Je suis certaine que je ferais de l'argent avec.
[C2]: Je peux pas dire la même chose, mais (rires) disons que, ça va dans le même sens.
[J]: Alors maintenant, on peut dire qu'une pièce peut être à la fois commerciale et valable ?
[DF]: Absolument! C'est le cas avec cette pièce.
[J]: Mais le fait d'employer tous ces lieux communs; on passe du salon funéraire à, à la petite fille qui est enceinte, en passant par tous les, tous les lieux communs que l'on connait au Québec.
Euh, ce n'est pas tomber dans la facilité selon vous ?
[C2]: Ben c'est ça! C'est que je trouve que Tremblay l'exploite très bien et Brassard surtout.
Il se sert de ces lieux communs pour faire quelque chose qui, à mon avis, fait nouveau au théâtre.
[DF]: Ouais, mais je ne comprends pas pourquoi vous dites tomber dans la facilité parce qu'on parle de salon mortuaire ou, euh, qu'on parle de la petite fille qui est enceinte. Bien sûr, il y a une façon d'en parler. C'est pas la p’tite fille enceinte de tous ces films de troisième ordre mélodramatiques et italiens.
C'est pas traité de cette façon là. Euh, les scènes du salon mortuaire sont pas traitées non plus en sketchs de revues, loin de là. Ils sont... Ils sont très vrais.
[C2]: Il y a un côté très humain dans cette pièce, très très humain et c'est ça qui plaît, je pense.
[DF]: Y a un côté dramatique.
[J]: Plus dramatique que comique au fond.
[DF]: Oui, oui, au fond oui. C'est très juste c'que vous dites : Plus dramatique que comique.
[C2]: Pis si on peut rire avec ça, ben tant mieux (petits rires).