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Un syndicalisme revendicatif
Le mouvement syndical tenu en échec par Duplessis
Il est notoire que le gouvernement de l'Union nationale sous Maurice Duplessis entretient un préjugé défavorable à l'égard des syndicats. Consolidées au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, les assises du mouvement syndical sont mises à rude épreuve à la fin des années 1940 et tout au long de la décennie suivante. La situation est à ce point difficile que la portion de l'effectif syndical dans l'ensemble des travailleurs s'abaisse entre 1946 et 1951 avant de regagner le terrain perdu dans les années qui suivent (voir figure). Sous le règne de Duplessis se déroulent quelques-unes des grèves les plus dures du 20e siècle: celles de l'amiante à Thetford-Mines et à Asbestos en 1949; de l'Associated Textiles of Canada de Louiseville en 1952-1953; et de Murdochville en 1957. Dans chacun de ces conflits, le monde syndical essuie une défaite cinglante ou a enregistré des gains peu significatifs.
Les travailleurs syndiqués au Québec, 1941-1971
Année | Travailleurs syndiqués |
---|---|
1941 | 20,7% |
1946 | 29,3% |
1951 | 26,5% |
1956 | 28,7% |
1961 | 30,5% |
1966 | 35,7% |
1971 | 37,6% |
Source : Jacques Rouillard, Histoire du syndicalisme québécois. Des origines à nos jours, Montréal, Boréal, 1989, p. 201 et 289.
Les syndicats participent à la Révolution tranquille
Immédiatement après le décès de Maurice Duplessis, son successeur, Paul Sauvé, instaure un nouveau climat sous le signe de la détente entre les organisations syndicales et le gouvernement du Québec. Porté au pouvoir en 1960, le nouveau premier ministre, Jean Lesage, adopte la philosophie prônée par Sauvé. Un nouveau code du travail est voté en 1964, le précédent ayant été trop trituré par Duplessis. En vertu de celui-ci, les travailleurs dans les services publics obtiennent le droit de grève, à l'exception des pompiers et des policiers, ce qui aurait été impensable sous l'Union nationale. De plus, les syndicats ont dorénavant voix au chapitre sur les réformes mises de l'avant par le gouvernement, plusieurs d'entre elles étant souhaitées par les premiers depuis longtemps. Des représentants syndicaux siègent sur des commissions et des organismes consultatifs. Dans un tel contexte, pas étonnant que la portion des travailleurs syndiqués augmente de façon notable (voir figure). Après avoir franchi la barre des 30 % en 1961, elle grimpe à près de 38 % dix ans plus tard.
Le milieu syndical se radicalise
Influencées par des idées d'inspiration notamment marxistes, les organisations syndicales se radicalisent dans la seconde moitié des années 1960. Par conséquent, les relations entre, d'une part, le monde syndical et, d'autre part, les employeurs et l'État se détériorent. Au cours des années 1966 à 1970, 143 grèves ou lock-out en moyenne sont dénombrés chaque année, et principalement dans les secteurs public et parapublic. En 1966 seulement, le Syndicat des fonctionnaires du gouvernement du Québec (25 000 personnes), les 32 500 travailleurs des hôpitaux du Québec et 2 300 professeurs des écoles normales et des écoles d'agriculture et de technologie menacent de recourir à la grève cependant que les 1 800 professionnels de la fonction publique, les ingénieurs d'Hydro-Québec et les travailleurs de la construction, eux, débrayent. Tout au long des années 1970, le syndicalisme au Québec continue de progresser avant de connaître un recul dans le contexte de crise du début de la décennie 1980-1990.