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La nationalisation de l'électricité
« L'électricité, c'est la clé de l'économie moderne. Nous voulons en faire la clé de voûte d'un régime où, enfin, après tant de générations, nous serons maîtres chez nous ».
Jean Lesage lors d'un discours le 30 septembre 1962, cité dans Jacques Lacoursière, Histoire populaire du Québec, Tome 5 : 1960 à 1970, Sillery, Septentrion, 2008, p. 70.
Une richesse collective sous contrôle étranger
À n'en pas douter, la nationalisation de l'électricité en 1963 constitue un événement phare de la Révolution tranquille. Ce processus s'enclenche en 1944 sous le gouvernement libéral d'Adélard Godbout avec la nationalisation de la compagnie Montreal, Light, Heat & Power qui accumulait les plaintes des consommateurs depuis plusieurs décennies. La société Hydro-Québec est alors née, mais le territoire qu'elle dessert se limite à la région de Montréal. La production et la distribution de l'électricité dans le reste du Québec sont sous le contrôle direct d'une dizaine d'entreprises étrangères, la Shawinigan Water & Power étant la plus importante.
« Maîtres chez nous »
La nationalisation de la houille blanche demeure un objet de préoccupation tout au long des années 1950, mais sur lequel le gouvernement de l'Union nationale refuse d'intervenir. Le ministre des Richesses hydrauliques sous le gouvernement libéral en 1960, René Lévesque, a un tout autre avis sur la question. Selon lui, « l'électricité est fondamentale dans le Québec et doit constituer un tout bien intégré. Cette unification doit être réalisée par Hydro-Québec ». À partir de 1961, Lévesque fait de la nationalisation de l'électricité son cheval de bataille. Les adversaires à son projet sont nombreux, et ce, même au sein des troupes libérales et de son conseil des ministres. Patiemment, Lévesque rallie de plus en plus de personnes à son opinion. La question devient même le principal enjeu de l'élection du 14 novembre 1962. De concert avec son ministre, le chef du Parti libéral, Jean Lesage, clame sur toutes les tribunes : « Maintenant ou jamais : maîtres chez nous ». Les libéraux sont reportés au pouvoir avec une majorité confortable et les onze entreprises électriques privées deviennent la propriété de la société d'État Hydro-Québec en 1963 au coût d'un peu plus de 600 000 000 $. Sous l'effet de la nationalisation, le nombre de travailleurs dans cette entreprise québécoise grimpe à 14 000 comparativement à 8 900 auparavant, et les postes de direction sont dorénavant occupés par des Canadiens français.
Nationaliser l'électricité est certes une décision économique qui permet de mieux desservir les régions du Québec, notamment les plus éloignées, et d'aplanir un obstacle au développement régional. Il s'agit aussi d'une décision éminemment politique qui témoigne d'une volonté d'appropriation des richesses naturelles, de même qu'une manifestation du nouveau nationalisme.
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