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Extrait de l'émission Femme d'aujourd'hui du 17 mars 1969 animée par Aline Desjardins traitant des droits de la femme divorcée.
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L'émission Femme d'aujourd'hui à Radio-Canada [Aline Desjardins]: Au cours de l'enquête menée conjointement par l'Institut Vanier de la famille et l'Office de révision du code civil, les femmes interrogées ont manifesté le désir que se crée un organisme chargé de percevoir les pensions alimentaires à leur place.
Renée Larochelle s'entretient de cette question avec mademoiselle Éthel Groffier qui, à titre de juriste, a participé à l'enquête pour l'Office de révision du code civil, et avec Solange Chalvin, journaliste au Devoir, qui a mené une enquête sur le problème de la séparation des époux.
[Renée Larochelle]: Est-ce que le problème financier prend une telle importance, euh, pour les femmes séparées, mesdames, mademoiselle Groffier ?
[Éthel Groffier]: Je crois que c'est la plus grave question. En fait, c’est savoir, euh, comment on peut conduire son budget et nourrir ses enfant? D'où viendra l'argent? Et surtout si le mari ne paie pas la pension, c'est le gros problème.
[Solange Chalvin]: Oui et puis, euh, moi j'ai découvert aussi de mon côté que c'était en réalité la première cause de séparation ou de divorce. On est porté à croire très souvent que la mésentente sexuelle est vraiment le premier point pour lequel il y a séparation ou divorce, alors qu'en fait, la pauvreté ou la difficulté de s'entendre sur le plan financier est vraiment une cause très importante.
[RL]: Est-ce que la séparation ou le divorce arrange les choses à ce moment-là ?
[ÉG]: Eh bien, euh, je ne dirais pas que c'est une solution qui arrange tout. Néanmoins, parmi les femmes que nous avons interrogées, les femmes séparées,
il y a une assez forte proportion qui nous dit : « Voilà, c'est dur, mais malgré, tout je me sens plus rassurée qu'avant.
Ma situation financière est meilleure. Elle est toujours précaire, mais y a un certain degré de stabilité. »
Que la femme travaille ou qu'elle reçoit une pension du bien-être social, il y a quelque chose qui vient chaque semaine régulièrement.
[RL]: On mentionnait tout à l'heure que le, euh, trois quarts des femmes séparées n'arrivent pas à toucher la pension alimentaire à laquelle elles ont droit.
Euh, ça serait peut-être bon d'établir d'abord : est-ce qu'elles sont nombreuses, les femmes séparées ?
Est-ce qu'on a une idée du nombre de couples séparés ?
[ÉG]: Eh bien en 1968, il y a eu 3202 séparations dans le district de Montréal.
[SC]: Oui, et sur le plan en rapport, on dit qu'il y a un mariage sur quatre qui conduit à la séparation ou au divorce actuellement au Canada.
Alors c'est quand même assez important comme chiffre, j'pense.
[RL]: Et là-dessus, trois quarts, euh, des femmes disent qu'elles ont de la difficulté à toucher la pension alimentaire.
[ÉG]: C'est ça.
[RL]: Elles revendiquent la création de cet organisme qui percevrait les pensions alimentaires.
Est-ce que vous croyez que c'est une bonne solution ?
[ÉG]: Eh bien, euh, je crois évidemment qu’il faudrait quelque chose dans ce sens. Je ne pourrais pas encore vous dire, euh, le genre d'organisme, ni tout à fait comment il fonctionnera, mais on peut concevoir deux choses.
Il y a d'abord L’Idéal. C'est un organisme qui paie une pension à une femme séparée tant de semaines et puis qui récupère la pension sur le mari.
Et puis il y a ce qui existe dans certains pays. Par exemple à Londres, et dans une certaine mesure en Ontario,
c'est un organisme qui perçoit la pension, c'est-à-dire que le mari est tenu d'aller verser sa pension, disons à la cour familiale.
Ce qui est beaucoup plus impressionnant que d'aller la verser à sa femme.
Si le mari ne vient pas verser sa pension, euh, la cour alors lui envoie une convocation à comparaître expliquer pourquoi et la pression est beaucoup plus forte sur le mari.
[SL]: Oui, et sur le plan sécurité, je pense pour les femmes séparées et pour leurs enfants, ce serait vraiment un, une sécurité formidable parce que ce qui est terrible pour ces femmes-là, c'est, d'une part, il y en a beaucoup qui ne touchent pas à leur pension et même celles qui les touchent sont obligées de les quémander. Excusez l'expression… De les demander. Alors elles ne savent pas d'un mois à l'autre...