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Présentation par René Lévesque, chef du tout nouveau Parti québécois formé suite au congrès ayant eu lieu du 11 au 14 octobre 1968 à Québec.
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La naissance du mouvement souverainiste  (foule qui applaudit et qui crie)
[René Lévesque]: Bonsoir, alors comme vous le savez sûrement, je viens vous parler au nom d'un parti flambant neuf.
Un parti politique qui s'est fondé au cours d'un congrès, il y a une couple de semaines à Québec, du 11 au 14 octobre.
Un congrès où y avait, oh, environ 800 délégués venus de plus de 95 comtés du Québec et qui représentaient déjà au-delà de 2000 membres.
Des personnes qui se sont réunies depuis moins d'un an et qui aussitôt se sont mises à travailler très fort.
D'ailleurs, la plupart des observateurs ont dit que ce congrès était sûrement un des mieux préparés et des plus sérieux qu'on ait jamais vus au Québec.
Pendant trois jours, on s'est donné des statuts, c'est-à-dire une constitution pour ce parti.
On a approfondi un programme et puis finalement, on s'est également donné un nom.
Vous en avez sûrement entendu parler.
C'est un nom... Sûrement le plus beau, le plus évident en tout cas, et peut-être un peu aussi le plus ambitieux qu'on aurait pu trouver.
 (changement de plan)[??]: Mesdames, messieurs, permettez-moi de vous faire languir un peu tout de même.
[??] : Je n'avais pas eu le plaisir de voter moi-même sur la résolution concernant le droit à l'autodétermination. Mais maintenant, j'aurais... J'aurais au moins le plaisir de vous annoncer le, pour le premier, le nom du, euh, parti, de notre parti souverainiste québec..., Euh, excusez. Le nom de notre parti; le résultat du vote est le suivant : Parti québécois, 295 votes sur 500.
 (cris et applaudissements de la foule)
[RL]: Euh qui est-ce maintenant tout ce monde-là ?
Qui sommes-nous dans ce Parti québécois qui commence ?
Ben y en a déjà de tous les genres, vous savez.
Y a des indépendantistes qui étaient dans... Sur ce chemin si vous voulez, depuis plusieurs années. Puis y a des nationalistes qui cherchaient leur voie et on a bon espoir de les réunir et on a bon espoir d'ailleurs de les réunir ou de les regrouper pour la plupart d'ici quelque temps.
Tous ceux, en tout cas, qui sont prêts à employer tous les moyens légitimes de l'action politique : la persuasion, la…, l'organisation pour arriver à notre but.
Et puis évidemment, vous avez vu Gilles Grégoire. Alors derrière lui, y a des anciens du ralliement national qui, depuis plusieurs années, dans plusieurs régions, ont déjà donné des preuves de ténacité et désintéressement qui peuvent servir de modèle à la plupart d'entre nous.
Et puis y a aussi des anciens rouges. Votre serviteur en est un. Et aussi des anciens bleus qui ont fini par comprendre qu'on n’arriverait jamais à rien avec les vieux partis, qu'on n’arriverait jamais vraiment à queque chose parce que les vieux partis, c'est pas parce qu'y a pas des gens dévoués là-dedans et qui travaillent très fort pour le Québec. Mais c'est pas leur premier souci, en tant que parti, aussi bien les bleus que les rouges.
Leur premier souci, vous savez, c'est de garder le monopole entre eux, là, le monopole de l'assiette au beurre.
De garder exclusivement le contrôle du parlement, du gouvernement et puis aussi du patronage et puis des  caisses électorales, en coulisse.
Alors le premier but inévitable du nouveau parti que nous créons c'est d'abord et avant tout de briser ce vieux monopole démodé des bleus et des rouges.
De mettre sur la, dans le paysage politique du Québec et de faire triompher un parti qui soit vraiment nouveau.
C'est-à-dire un parti qui soit véritablement la propriété de ses membres; qui sache les écouter et qui aussi ait le simple bon sens, et le simple courage de s'occuper d'abord, et comme premier souci primordial, de répondre aux besoins et faire avancer les intérêts des Québécois maintenant...